On est des milliers à s’enfuir, projet devenu récemment série photographique, se lit comme une étude sur les états des corps, des membres qui bougent, des gestes, des postures. Une collection d’images prises de manière spontanée, réunie autour d’un thème commun. 
La représentation du corps comporte une tension, une sorte d’urgence sur le fil. Les cadrages fragmentent les corps, ils nous montrent des postures et des gestes plus que des personnes. Et puis parfois, des respirations, de la tendresse. Une tête qui se pose sur une épaule. Tout est toujours impulsion et élan de vie.

Le titre  est une citation de Gaston Bachelard tiré de L’eau et les rêves. Il y défend un rapport au réel poétique et poétisé, dans les mots mais aussi et surtout dans les sens. Ce titre s’est en quelque sorte imposé dans la mesure où la série parle du corps, des corps dans un élan de vie, en réaction : sensible et sensuel. Nous vivons dans un monde au rapport au corps très distancié, très utilitaire. Et nous sommes nombreux à être, je pense, à la recherche d’un autre rapport à soi et aux autres A vouloir s’ancrer par les sens et habiter nos corps. La série enracine cette tension à s’extirper de cette vision du monde. Nous sommes donc nombreux à chercher à nous enfuir et c’est tant mieux.